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Vue de l'exposition "Face-à-Face. Moderne Galerie/Mudam Luxembourg : Deux collections en dialogue", 08.10.2022 – 02.04.2023 Mudam Luxembourg © Photo : Rémi Villaggi | Mudam Luxembourg
Face-à-Face

Exposition collective

L’exposition Face-à-Face propose un dialogue inédit entre deux collections. Elle établit des résonances entre les œuvres créées par des figures majeures des avant-gardes modernes en Allemagne et en France et celles d’artistes contemporains, originaires de diverses parties du monde. Les questions de métamorphose, de transformation de la matière, de phénomène optique ou encore de perception de l’espace articulent la présentation de la Galerie Est. Elles sont le reflet de la diversité des expérimentations formelles et traduisent aussi la volonté des artistes d’interroger les structures sociales et politiques des sociétés.

En Europe, l’effervescence artistique des années 1920 est marquée par les aventures collectives. Des artistes comme Lyonel Feininger ou László Moholy-Nagy participent au courant novateur du Bauhaus, fondé en 1919 à Weimar, en Allemagne, qui ambitionne de réunir art, architecture et arts appliqués. Leurs recherches, portant sur la simplification et la fragmentation de motifs géométriques figuratifs ou abstraits, résonnent avec les expérimentations photographiques d’Albert Renger-Patzsch, associé au mouvement de la Nouvelle Objectivité, actif en Allemagne entre 1918 et 1933. Leurs réalisations autour de la perception de l’espace et de son éclatement n’est pas sans rappeler aujourd’hui les travaux de Lee Bul ou encore d’Alicja Kwade.

Le traitement de la forêt dans sa dimension spirituelle par Emily Bates ou encore les paysages oniriques de Germaine Hoffmann trouvent un lointain écho dans le Surréalisme dont Hans Bellmer et Max Ernst sont des figures emblématiques. Si le mouvement dépassera largement les frontières de l’Europe, il trouve son origine en France avec notamment la publication du Manifeste du surréalisme par André Breton en 1924. Libéré des entraves de la raison, le monde de l’inconscient, du rêve et de l’étrange y occupe une place essentielle. L’univers surréaliste est peuplé de formes hybrides organiques, qui continuent de parcourir la création contemporaine comme chez Michel Paysant, Tobias Putrih ou François Roche.

La période de l’après-guerre est également particulièrement féconde en Allemagne. Dans les années 1950, la photographie subjective, avec Otto Steinert en chef de file, entend renouer avec le modernisme des années 1920 que le pouvoir nazi voulait étouffer. Loin de se cantonner à une relation mimétique au réel, les photographes multiplient les angles de vue et dupliquent les motifs, conférant aux clichés une puissance abstraite, présente également dans les photolithographies de Lutz & Guggisberg ou la vidéo de Yazid Oulab.

Enfin, durant les années 1960, à l’aune de la conquête spatiale, les artistes tels Heinz Mack et Otto Piene du groupe ZERO, un mouvement libertaire, iconoclaste et utopique, affichent leur volonté de faire table rase et de dépasser la matérialité de la toile. Ils recourent à des matériaux industriels nouveaux pour leur qualité optique ou cinétique. Cette exaltation du mouvement, de l’espace et de la lumière se retrouve aujourd’hui dans la peinture de Janaina Tschäpe.

Le corps, décliné dans toutes ses dimensions, est au cœur du parcours proposé dans la Galerie Ouest. Sa présence plastique habite l’espace, tout en étant porteur de mythologies anciennes et contemporaines. Il agit en outre comme métaphore d’une forme de quête intérieure ou, à l’inverse, se fait l’écho des tumultes du monde.

La représentation de la figure humaine ne cesse en effet de se renouveler tout au long du siècle dernier et, aujourd’hui encore, de nombreux artistes en réinventent les modalités. Des portraits d’Henri Matisse à ceux de Nan Goldin, le spectre des sensibilités est vaste, résonances harmonieuses de l’un, fêlures intimes de l’autre. Chez Fernand Léger ou Kathia St. Hilaire, la figure devient archétypale, inscrite dans le champ de la modernité pour le premier, ancrée dans la culture haïtienne pour la seconde.

Au début du 20e siècle se développe par ailleurs une relation féconde entre la danse et les arts visuels. Aux recherches autour de la danse libre qui explore le mouvement dans l’espace, répondent les expérimentations plastiques sur la représentation du corps. Pour de nombreux artistes modernes, à l’instar de Rudolf Belling et d’Alexander Archipenko, le corps en mouvement est alors un sujet d’étude majeur. Ce dernier développe, dès les années 1910, une nouvelle approche basée sur la dynamique d’un dialogue entre figure et espace, au sein duquel le rythme est déterminant. La danse se trouve semblablement au cœur du travail contemporain de Silke Otto-Knapp dont la technique picturale donne à cette relation une vibration singulière.

Giorgio De Chirico qui fonde en 1915, à Ferrare, le mouvement de la Pittura Metafisica, cherche quant à lui à pénétrer l’intériorité du monde à travers la fixité et le silence des scènes représentées. Cette mise à distance des bruits du monde prend une dimension spirituelle dans la peinture abstraite, à la fois géométrique et vibratile, d’Helmut Federle. Chez Rui Moreira, au contraire, la vie intérieure se traduit par une mise à l’unisson de l’animation des corps et des paysages mentaux.

À l’opposé, le fracas de l’Histoire se fait entendre chez Ludwig Meidner ou Otto Dix. Proches des milieux d’avant-garde, ils sont tous deux en butte à la montée des nationalismes européens précédant l’éclatement de la Première Guerre mondiale et l’instauration du régime nazi en Allemagne à partir de 1933. Leurs travaux sont ici prémonitoires des deux conflits mondiaux. La scène de deuil au Kosovo de Pascal Convert témoigne du retour de la guerre sur le sol européen, à la fin des années 1990. La portée universelle que recèle cette sculpture la fait aujourd’hui sombrement résonner avec le conflit en Ukraine.

Projet transfrontalier inédit, Face-à-Face investit simultanément le Mudam à Luxembourg et la Moderne Galerie – Saarlandmuseum à Sarrebruck. En contrepoint du dialogue entre les œuvres d’art moderne et d’art contemporain issues des deux collections qui prendra place au Luxembourg, un riche ensemble choisi dans la collection du Mudam sera exposé en Allemagne. Les œuvres de Tania Bruguera, Günther Förg, Su-Mei Tse, Blinky Palermo et bien d’autres s’immisceront ainsi dans la présentation permanente des collections, tandis que les œuvres et installations notamment multimédia d’artistes mondialement reconnus tels que Eija-Liisa Ahtila, David Altmejd, Martha Atienza, Mel Chin ou Kara Walker, se déploieront dans les grandes salles de la Moderne Galerie pour rendre compte de toute la diversité de l’art contemporain.

Démarrer

Les commissaires nous parlent de « Face-à-Face » (FR/DE, Sous-titres : DE/FR + EN)

Artistes dont les œuvres seront présentées au Mudam (sous réserve de modifications) :

Collection du Saarlandmuseum
Alexander Archipenko (1887, Kiev – 1964, New York), Rudolf Belling (1886, Berlin – 1972, Krailling, Allemagne), Hans Bellmer (1902, Katowice, Pologne – 1975, Paris), Monika von Boch (1915, Mettlach, Allemagne – 1993, Mettlach, Allemagne), Giorgio de Chirico (1888, Vólos, Grèce – 1978, Rome), Otto Dix (1891, Gera, Allemagne – 1969, Singen, Allemagne), Max Ernst (1891, Brühl, Allemagne – 1976, Paris), Lyonel Feininger (1871, New York – 1956, New York), Norbert Kricke (1922, Dusseldorf – 1984, Dusseldorf), Henri Laurens (1885, Paris – 1954, Paris), Georg Grosz (1893, Berlin – 1959, Berlin), Fernand Léger (1881, Argentan, France – 1955, Gif-sur-Yvette, France), Heinz Mack (1931, Lollar, Allemagne), Henri Matisse (1869, Le Cateau-Cambrésis, France – 1954, Nice), Ludwig Meidner (1884, Bierutów, Pologne – 1966, Darmstadt), László Moholy-Nagy (1895, Bácsborsód, Hongrie – 1946, Chicago), Otto Piene (1928, Laasphe, Allemagne – 2014, Berlin), Albert Renger-Patzsch (1897, Würzbourg, Allemagne – 1966, Wamel, Pays-Bas), Auguste Renoir (1841, Limoges, France – 1919, Cagnes-sur-Mer, France), Auguste Rodin (1840, Paris – 1917, Meudon), Josef Scharl (1896, Munich – 1954, New York), Jan J. Schoonhoven (1914, Delft – 1994, Delft), Otto Steinert (1915, Sarrebruck – 1978, Essen)

Collection du Mudam
Emily Bates (1970, Basingstoke, Royaume-Uni), Beaurin Domercq (1960, France / 1965, France), Katinka Bock (1976, Francfort-sur-le-Main), Miguel Branco (1963, Castelo Branco, Portugal), Giulia Cenci (1988, Cortone), Pascal Convert (1957, Mont-de-Marsan, France), Helmut Federle (1944, Soleure, Suisse), Roland Fischer (1958, Sarrebruck, Allemagne), Nan Goldin (1953, Washington), Germaine Hoffmann (1930, Luxembourg), Dom Sylvester Houédard (1924, Guernesey – 1992, Guernesey), Alicja Kwade (1979, Katowice, Pologne), Lee Bul (1964, Séoul), Mark Lewis (1958, Hamilton, Canada), Edward Lipski (1966, Londres), Little Warsaw (fondé en 1996), Lutz & Guggisberg (1968, Suisse/1966, Suisse), Andrea Mastrovito (1978, Bergame), Isabelle Marmann (1975, Luxembourg), Rui Moreira (1971, Porto), Silke Otto-Knapp (1970, Osnabrück, Allemagne), Yazid Oulab (1958, Sedrata, Algérie), Michel Paysant (1955, Bouzonville, France), Tobias Putrih (1972, Kranj, Slovénie), François Roche/R&Sie(n) (1961, Paris), Nedko Solakov (1957, Cherven Bryag, Bulgarie), Kathia St. Hilaire (1995, Palm Beach, États-Unis), Janaina Tschäpe (1973, Munich)

Crédits

Moderne Galerie/Mudam Luxembourg:
  • Deux collections en dialogue

Lieu au Mudam:
  • Mudam Galeries Niveau 0

Commissaire de l’exposition au Mudam:
  • Marie-Noëlle Farcy
    Assistée de Vanessa Lecomte

Scénographie:
  • Fabeck Architectes

Commissaires de l’exposition au Saarlandmuseum:
  • Andrea Jahn (Directrice)
    Kathrin Elvers-Švamberk (Directrice adjointe)

Une collaboration entre:
Partenaire média:
  • RTL