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Beatrice Gibson Solo for Rich Man, 2015
Beatrice Gibson. Solo for Rich Man

Présentation de la collection

Si les films de Beatrice Gibson se caractérisent par la pluralité de leur approche, en tant qu’artiste et réalisatrice, elle s’attache plus particulièrement à la « production de motifs musicaux et la relation que ces derniers entretiennent avec la réalisation de films ». Ainsi, la musique expérimentale des avant-gardes des années 1950 et 1960, par exemple celle de Cornelius Cardew (1936-1981), de John Cage ou du mouvement Fluxus, constitue pour elle des sources essentielles. Le caractère participatif de ses projets reflète aussi son intérêt pour les orientations pédagogiques avant-gardistes de cette époque, tout comme l’élaboration d’une oeuvre à partir d’improvisations collectives et l’application d’un tel processus à la structure du film.

Royalty-free images to be used exclusively for press on Mudam
© Collection Mudam Luxembourg Donation Baloise Group Photos : Aurélien Mole

Solo for Rich Man (2014) est, comme plusieurs autres de ses œuvres, l’aboutissement d’un processus créatif collaboratif. Celui-ci débute lors d’un atelier musical de quatre jours conduit en commun par Beatrice Gibson et le violoncelliste et compositeur Anton Lukoszevieze, avec un groupe d’enfants. Le film s’appuie sur le roman JR de l’auteur américain William Gaddis datant de 1975, une satire sociale mordante narrant le parcours de JR, un garçon de onze ans qui, avec l’aide du musicien de l’établissement, réussit à bâtir, par inadvertance et dans l’anonymat de la cabine téléphonique de son école, le plus grand empire économique du monde. Parallèlement au contexte pédagogique dans lequel se déroule le roman de Gaddis, Beatrice Gibson ancre Solo for Rich Man principalement dans l’aire de jeux de Shoreditch, un quartier Est de Londres, conçue dans les années 1970 d’après des principes éducatifs novateurs, qui accordent aux enfants une grande liberté. Avec Anton Lukoszevieze, qui apparaît également dans le film, et George, l’un des garçons participant à l’atelier et le personnage central du film, Beatrice Gibson filme des scènes individuelles dans lesquelles la conjugaison du son et de l’image induit la narration.

Les scènes se basent entre autres sur les expériences du mouvement Fluxus et les pièces de George Maciunas, Solo for Rich Man et Solo for Balloons (toutes deux de 1962), suivies de Disappearing Music for Face de Chieko Shiomi (1966). De manière détournée et parfois ludique, Beatrice Gibson tisse des liens entre références esthétiques et expériences pédagogiques des années 1960 et 1970, notamment dans une scène, dans laquelle Lukoszevieze et George s’adonnent, comme dans une improvisation musicale, à un jubilatoire duo vocal autour de mots-clés liés au monde de la finance. Beatrice Gibson confronte ainsi l’abstractivité de la théorie musicale et l’immatérialité de la finance à l’immédiateté des approches enfantines.

D’une grande maturité technique et formelle, les oeuvres de Beatrice Gibson, avec leur narration fragmentaire, font souvent l’effet de possibles extraits d’un processus continu plus global. Avec Solo for Rich Man, l’artiste porte une attention toute particulière aux degrés d’abstraction et aux similitudes structurales de la musique d’avant-garde et du monde de l’économie ; des recherches que l’artiste poursuit avec son dernier film Crippled Symmetries (2015), dans lequel on retrouve George.

Beatrice Gibson est née en 1978 à Londres, où elle vit et travaille.

Le Baloise Art Prize est chaque année décerné à deux artistes présentés dans la section Statements de la foire Art Basel. Créé en 1999, le prix récompense de jeunes artistes et finance la donation d’un ou de plusieurs de leurs travaux aux deux musées partenaires. Depuis 2015, le Mudam est l’un d’entre eux et Marie-Noëlle Farcy, commissaire/ responsable de la Collection Mudam, siège dans le jury.

Crédits

Commissaire:
  • Marie-Noëlle Farcy

Baloise Art Prize 2015