Rosson Crow
Rosson Crow (1982, Dallas) réalise, avec la fougue et l’outrance de la jeunesse, des tableaux dans lesquels, dans un tohu-bohu, formes et couleurs se télescopent tandis que les profondeurs se perdent dans une abstraction confuse. Excessives et théâtrales, ses peintures ressemblent à des décors de films, à des arrangements artificiels plongés dans la lumière vive des projecteurs que les acteurs auraient désertés. Crow peint tout aussi bien des intérieurs historiques que des environnements factices qu’elle transforme en plan de projection afin d’y évoquer une décadence tour à tour gaie et morbide.
Ainsi, le titre du tableau, Girl Happy, se réfère à une comédie des années soixante. Mis à distance par les silhouettes des palmiers représentés à contre-jour, le spectateur se trouve devant une scène dont les repères spatiaux sont brouillés. La surface de l’avant-plan, par les coulures de la peinture, semble se fissurer, évoquant ainsi l’annonce de l’écroulement d’une vision superficielle.