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D’une étonnante diversité formelle et d’une grande cohérence conceptuelle, la pratique de l’artiste anglais Darren Almond est parcourue par des questions telles que le temps, l’espace, l’histoire et le paysage.
Explorant la manière dont ces différentes dimensions s’entrecroisent et celle dont nous les « habitons », nombre de ses œuvres témoignent de l’intérêt qu’il porte aux expériences subjectives, liminales, qui excèdent toute appréhension immédiate et remettent ainsi en jeu les fondements de nos perceptions et de nos connaissances.
Déployant toutes les facettes de sa pratique – photographies, sculptures, installations vidéos, mais aussi œuvres textuelles et peintures –, son exposition au Mudam Luxembourg associe des motifs qui tous, d’une manière ou d’une autre, ont à voir avec l’inscription de l’individu dans le monde et dans l’univers. Qu’elles évoquent les cycles du jour et des saisons, les liens qui nous connectent à la Terre ou l’exploration du système solaire, qu’elles s’intéressent aux glaciers polaires, au site mégalithique de Calanais en Écosse ou au Chand Baori, puits à degrés millénaire du Rajasthan, toutes ses œuvres situent l’homme dans une relation complexe, parfois contradictoire, aux éléments et aux phénomènes qui l’entourent. La fascination, l’expérience du sublime se conjuguent avec la perception de liens dynamiques et actifs ; notre souhait de comprendre et de maîtriser le monde se mêle à l’impression d’appartenir aux flux qui le traversent.
Empruntant son titre à une récente série de peintures abstraites inspirées des représentations du cosmos, l’exposition de Darren Almond s’offre alors au spectateur tel un « paysage temporel ». Chacune des œuvres ouvre vers une temporalité singulière et, ensemble, elles dessinent un horizon dans lequel différentes échelles de temps entrent en résonance : l’expérience sensible s’ancre dans un temps géologique, le présent se confronte à l’infini, l’histoire humaine croise le temps cosmique, le rythme vital s’accorde avec les cycles qui animent le monde.