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Claire Barclay conçoit ses installations en dialogue avec l’espace d’exposition : son architecture, son histoire, les différentes fonctions qu’il a pu avoir. Ses œuvres mettent cependant moins en avant des références spécifiques à cet espace qu’elles ne travaillent avec l’atmosphère qu’il dégage et ne déclenchent des narrations ouvertes. Elles combinent des matériaux familiers tels que le cuir, la terre, le tissu, la laine, la paille, les métaux, autant de matériaux habituellement « utilisés pour fabriquer des objets qui façonnent notre quotidien depuis toujours », générant des environnements intensément tactiles.
Conçue spécifiquement pour Mudam, son installation Pale Heights s’articule autour d’une structure en bois et en métal qui dessine plusieurs zones dans l’espace d’exposition. Cette structure compartimente l’espace sans le cloisonner, le complexifie. Elle crée également des espaces plus intimes dans lesquels d’autres éléments de plus petites dimensions peuvent coexister. L’installation invite à la déambulation ; le regard oscille entre différents points de vue et différentes échelles, entre les vues d’ensemble et les détails méticuleusement travaillés.
Claire Barclay évoque souvent une certaine ambiguïté pour parler de ses oeuvres, comme « des objets dans des états de transition ou de chaos… des objets qui portent une certaine confusion dans leur propre identité ». Cette ambiguïté se retrouve dans les différents modes de fabrication auxquels ses œuvres renvoient – le fait main, l’artisanal, l’industriel –, aboutissant à des objets « à la fois reconnaissables et étrangers, domestiques et industriels, contemporains et antiques ». L’artiste travaille régulièrement en collaboration avec des artisans et des spécialistes de différents domaines, et son oeuvre renégocie les distinctions traditionnellement admises entre les différentes techniques artistiques et entre art, design et artisanat.
Les éléments que ses installations mettent en scène semblent souvent agencés de manière intuitive. Barclay conçoit ces objets comme des éléments inachevés et compare ses installations aux combinaisons qui peuvent subvenir dans l’atelier, au fil des expérimentations. Elle parle de ses expositions comme de « pauses dans un processus en cours » : « J’aime installer les œuvres de manière à essayer de garder un certain sens d’immédiateté, à suggérer que l’objet n’a pas encore trouvé sa place ou sa signification. »