Yazid Oulab
Yazid Oulab (1958, Sedrata, Algérie) s’intéresse tout particulièrement à lier formes contemporaines et tradition spirituelle. Depuis ses études d’art à Alger puis à Marseille dans les années 1980, il a réalisé un œuvre protéiforme qui mêle installations, sculptures et vidéos et à travers laquelle il remonte aux origines de l’écriture, des chiffres, de la spiritualité et des religions.
Le Souffle du récitant comme signe (2003), premier volet d’une trilogie consacrée au souffle et au rythme, est né de la contemplation d’un fil d’encens qui s’élève dans l’espace. Les voix récitant une sourate ébranlent les lignes droites de fumée et font naître des formes élémentaires : mouvements aléatoires d’abord, puis volutes dont la cursivité évoque l’écriture. Cette vidéo prend source dans une réflexion de Oulab sur la mystique soufie selon laquelle la poésie est la voie essentielle pour approcher les mystères. Le film, comme une grande part du travail de l’artiste, est aussi une quête sur des racines communes ou complémentaires entre les peuples et se donne comme une méditation. « Lorsque l’on crée une œuvre sans y mettre l’aspect vibratoire musical, » souligne l’artiste, « elle est éteinte, elle n’a aucune vie. Le souffle, la vibration, c’est la vie. »
Dans Percussion graphique (2004), deuxième volet d’une trilogie consacrée au souffle et au rythme, on voit la main de l’artiste progressivement recouvrir de traits noirs une feuille de papier à l’aide d’un crayon de charpentier, sur un rythme saccadé. La mélopée soufie chantée lors de veillées, « Leï-la », accompagne le mouvement méditatif. Au-delà des variations formelles, l’artiste souligne dans son travail l’importance de « la réflexion politique sur la mémoire tronquée de l’Algérie dont le passé culturel et philosophique est occulté. »