Stéphane Sautour
Le titre, la technique et les motifs représentés semblent à première vue désigner une œuvre abstraite. Mais Alkeishiukkanen n’est pas ce que l’on croit y voir puisque derrière son apparence subjective se tient une réflexion sur l’imaginaire scientifique de l’Univers. Le dessin au charbon donne une précision et une matérialité encourageant le spectateur à s’approcher de près de ce qui est une observation de l’infiniment petit, la particule élémentaire. Stéphane Sautour (1968) travaille à partir d’images disponibles sur Internet qui nous ramènent à différentes époques de la recherche en physique, ici les années 1950, qu’il interprète par la suite par l’opération de traduction du dessin.
L’œuvre est alors le produit d’un processus de pensée associé à l’application minutieuse du charbon, renversant un schéma ancien : ce n’est plus l’observation qui permet l’interprétation mais l’interprétation qui devient nécessaire à l’observation. Face aux dessins, le spectateur est à son tour invité à se plonger dans la nuit peuplée et béante qui se révèle de la perception infime du monde issue des outils scientifiques. Plutôt que de résoudre des énigmes, ces nouvelles saisies du réel en font surgir un imaginaire fascinant.