Edward Lipski
God Stack (2007) conçu par Edward Lipski (1966, Londres) est à la fois attirant – le foisonnement des formes ravissant l’œil – et inquiétant par l’omniprésence de ce matériau noir indéfini. Sous cette matière, en apparence ni molle ni dure, l’artiste a englouti la représentation en porcelaine d’une divinité chinoise dont on ne discerne que l’habit finement décoré. Recouverte de la tête jusqu’aux épaules par de curieuses excroissances qui représentent en fait une multitude d’êtres issus de la mythologie chinoise, la sculpture oscille entre divinité et monstruosité. Cette impressionnante masse amorphe semble porter une signification symbolique tout en restant dans l’indescriptible. C’est la visée de l’artiste que de soustraire l’oeuvre à l’identification claire de la forme représentée : « Ce que je cherche à capter est une chose pour laquelle nous n’avons pas de nom. » Les sculptures protéiformes de Lipski se situent entre une signification tangible et des sensations indéterminées. Son intention est « moins de choquer, que de créer une zone pour le paradoxe, un endroit inconfortable. Mon travail commence peut-être avec une impression dérangeante qui ensuite nous amène à une expérience contradictoire de nostalgie et de dégoût. »