Lillian Schwartz
Lillian Schwartz (1927, Cincinnati, Ohio) postulait, en 1984, que son « art était nourri par l’idée d’exploiter la technologie qui envahit notre vie quotidienne ». Dès 1968, l’artiste a réalisé un ensemble d’œuvres à l’aide de l’ordinateur, notamment lors de sa résidence de plus de trente ans passée aux laboratoires Bell, à New Jersey : films assistés par l’ordinateur, vidéos, effets optiques et animations, entre autres. Lillian Schwartz considère l’ordinateur comme un outil analytique et créatif permettant de repenser la manière dont une image est créée.
Trois films sont ici présentés successivement : Pixillation (1970) est le premier film d’animation réalisé par l’artiste aux laboratoires Bell. Elle utilise le langage BEFLIX, développé par l’artiste Kenneth C. Knowlton. Le processus consiste à tracer les coordonnées des images, à perforer les informations sur une carte et à introduire cette carte dans un ordinateur. Les données de l’image sont ensuite transférées sur une bande magnétique et imprimées sur une pellicule de film 35 mm. Cet essai visuel juxtapose des images numériques et des séquences filmées montrant de la peintures et des pigments se répandant sur une plaque de verre. Lillian Schwartz réalise ainsi une œuvre hybride, provoquant la rencontre entre la peinture et l’informatique. Les images sont accompagnées par une bande son composée par Gershon Kingsley, interprétée à l’aide d’un synthétiseur Moog.
Au sein d’Enigma (1972), des formes géométriques telles que des lignes et des rectangles sont mises en scène dans une animation rythmée aux effets stroboscopiques. Là encore, Lillian Schwartz est intervenue manuellement sur les images, en colorant la pellicule du film 16 mm. La couleur apparaît ainsi en différentes densités, accompagnée par une composition sonore de F. Richard Moore.
Googolplex (1972) s’inspire des théories d’Edwin Land, l’inventeur du polaroïd, portant sur la perception des couleurs et la persistance rétinienne. Lillian Schwartz fait ici alterner les espaces positifs et négatifs des images générées à l’aide de l’ordinateur à un rythme rapide, presque hypnotique. Celles-ci sont accompagnées d’une bande son produite par l’artiste à partir du remix d’enregistrements sonores de musique africaine.