Le Musée d’Art Contemporain du Luxembourg

L’histoire d’horreur la plus courte du monde a été publiée en 1948 dans un numéro du magazine américain de science-fiction Thrilling Wonder Stories. Écrite par Frederic Brown, elle tient en deux lignes : « Le dernier homme sur Terre était assis seul dans une pièce. On frappa à la porte. » Bien que le xx^esiècle soit marqué par la prise de conscience des conséquences de l’Anthropocène – une époque géologique enclenchée par l’impact considérable de l’homme sur le monde naturel –, les inquiétudes suscitées par la vulnérabilité des humains face au monde non-humain sont un sujet récurrent dans la culture contemporaine.

You’ll Find Your Peace with Me est un programme de vidéos de la collection Mudam conçu pour accompagner l’exposition Enfin seules. Photographies de la collection Archive of Modern Conflict. En réponse au sujet de l’exposition, qui dépeint une nature sans présence humaine, cette sélection présente des œuvres qui montrent des paysages marqués par les efforts des humains pour lutter contre la peur de l’aliénation, de l’insignifiance et de l’impuissance – une nature qu’ils rendent artificielle pour mieux la comprendre et la contrôler.

Le titre du programme est emprunté à une chanson parue sur l’album Wissower Klinken de Sven Johne (2007), écrite en hommage à un passionné de la nature écrasé par des rochers tombés de la falaise sur laquelle se situait son point de vue préféré. Des rochers figurent également dans As Pedras Rolantes – The Rolling Stones (2007) de João Maria Gusmão & Pedro Paiva, où des pierres semblent se déplacer toutes seules dans le désert de Mojave, avant que le spectateur ne découvre qu’elles sont tirées par des cordes qui se fondent dans ce paysage hostile.

La manipulation du monde naturel est également le sujet de Gibellina Vecchia (2010) de Raphaël Zarka, qui documente ll Grande Cretto (1985-1989), une gigantesque sculpture en béton de l’artiste italien Alberto Burri (1915, Città di Castello – 1995, Nice) qui occupe une surface de plusieurs centaines de mètres sur une colline sicilienne. Melvin Moti s’attache à dévoiler des interventions de nature plus psychologique dans The Black Room (2005), qui associe un entretien avec le poète surréaliste français Robert Desnos (Paris, 1900 – Terezin, 1945) à un plan panoramique de la villa romaine d’Agrippa (près de Pompéi), dont les fresques témoignent d’une transition stylistique du trompe-l’œil vers des représentations de la nature nourries par l’imaginaire.

Un sentiment d’angoisse suscité par la nature transpire dans le film Kitsune (2000) de João Penalva, un plan fixe d’une heure où l’on voit le brouillard se lever sur un paysage désert, pendant que deux hommes échangent des histoires troublantes sur un esprit surnaturel qui se présente sous les traits d’un renard capable de changer d’apparence. Dans Forte! (2010), Mark Lewis met en scène un drame dans les Alpes italiennes, filmé avec le regard détaché d’un drone par une caméra embarquée dans un hélicoptère qui plonge sur le fort de Bard (xix^e siècle), dont les occupants s’enfuient de la montagne en courant. Island (2008)* de Fiona Tan montre des images du paysage rugueux de l’île suédoise de Gotland, accompagnées par les réflexions introspectives d’une femme partie s’isoler sur l’île le temps d’une retraite solitaire.

Mudam Collection. You’ll Find Your Peace with Me est un programme de vidéos en ligne. Pour visionner les vidéos dans les meilleures conditions, veillez à activer le son et à passer en mode plein écran.