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View of the exhibition ‘Billy Bultheel & James Richards. Workers in Song’, 29.03 — 09.06.2024, Mudam Luxembourg © Photo : Mareike Tocha | Mudam Luxembourg
Billy Bultheel & James Richards

Workers in Song

Workers in Song est la dernière version du projet collaboratif au long cours du compositeur Billy Bultheel (1987, Bruxelles) et de l’artiste James Richards (1983, Cardiff). À travers une performance et une installation audiovisuelle immersives, Workers in Song plonge les spectateur·rice·s dans un flot mêlant créations originales et citations autour de sujets aussi divers que les rencontres en ligne, les films et cultures underground d’époques révolues, ou encore le versant sombre de la subjectivité romantique. Au Mudam, Billy Bultheel et James Richards présentent le 28 mars 2024 une performance chorégraphiée comprenant plusieurs films et un concert, ainsi qu’une installation qui explore la tension entre immédiateté, sentimentalité et désir lorsque le corps est absent.

Pensée comme une structure modulaire, Workers in Song fonctionne à la manière d’un organisme en constante évolution, s’adaptant à chaque contexte de présentation. La version montrée ici prend la forme d’un environnement spécialement conçu pour le grand espace incurvé de la galerie Ouest du Mudam. S’inspirant des débuts du cinéma, lorsque les films muets étaient accompagnés de musique jouée en live dans la salle, mais aussi de formes plus contemporaines telles que les mixtapes, Billy Bultheel et James Richards utilisent une partition musicale dynamique comme cadre au sein duquel ils font dialoguer leurs propres créations avec celles d’autres artistes – tout en préservant leur individualité. Leurs propres images, plongeant le·la visiteur·euse dans des paysages nocturnes et des intérieurs brutalistes dystopiques, sont ainsi mêlées à des poèmes, des films et des partitions d’autres auteur·e·s. L’atmosphère qui se dégage de l’installation est sombre, bien qu’elle soit saturée, presque excessive. La performance évoque les conflits liés à l’intimité humaine et les frontières ténues entre le moi et l’autre. En même temps, le caractère épisodique de l’œuvre nous invite à la compléter par nos propres expériences en créant nos propres corrélations, tout en brouillant discrètement notre perception.

L’un des fils conducteurs de cette présentation de Workers in Song est « Le Joueur de vielle à roue », extrait du Voyage d’hiver (1827) de Franz Schubert, cycle de Lieder que le compositeur a écrit vers la fin de sa vie, alors qu’il souffrait de la syphilis. Cette chanson raconte le voyage vers la nuit d’un amant éconduit, lors duquel il rencontre un joueur de vielle à roue vagabond qui interprète à plusieurs reprises une chanson que personne ne semble vouloir écouter. Dans l’installation de Billy Bultheel et James Richards, l’interprétation filmée de Sebastian de la Cour (1980, Copenhague) interrompt la sentimentalité de la pièce originale de Schubert, entre désir et désillusion. En même temps, la vielle à roue se mue en piano mécanique contrôlé par ordinateur, mettant en valeur le contraste entre absence de toute présence humaine et le registre profondément émotionnel du morceau. Par cette tournure conceptuelle, Billy Bultheel et James Richards semblent souligner la dimension quasi-mécanique du désir humain – qui nous pousse à être constamment en quête d’un objet qu’il est souvent difficile à discerner.

En approfondissant la convergence entre l’installation et l’aspect performatif de l’œuvre, la présentation au Mudam brouille les frontières entre direct et enregistrement, entre présence et absence, entre fantômes et archives, pour proposer une rencontre intime et intuitive entre le public, la musique et le film. L’œuvre Yellow Movie 1/12-13/73 (1973) de Tony Conrad (1940, Concord – 2016, Cheektowaga), qui fait partie de la Collection Mudam, a été choisie par les artistes pour intégrer l’installation. Cette œuvre, qui explore l’histoire du film et de la performance, est également un clin d’œil aux précédentes versions de Workers in Song, qui incluaient le film The Flicker (1966), de Tony Conrad.

Workers in Song cherche à confronter le·la visiteur·euse à des sensations paradoxales, alternant entre plaisir et inconfort. L’œuvre de Billy Bultheel et James Richards évoque la profondeur de l’existence humaine, à travers des motifs tels que la beauté, la mort, le sexe, la solitude, la nostalgie, l’intimité, ainsi que les relations complexes qui les régissent.

Certaines partitions et les photos de la performance Workers in Song au WIELS sont présentées dans ce livret, donnant aux visiteur·euse·s un aperçu de l’œuvre lorsqu’elle est activée.

Biographies

James Richards (1983, Cardiff) vit et travaille entre Berlin et Londres. Sa pratique artistique élargie explore les
thèmes de l’obsession, du désir et de la technologie par le biais d’archives, d’images trouvées et de collaborations. Déployant une réflexion sur les flux d’images qui caractérisent le XXIe siècle, elle crée un espace de rencontre entre politique personnelle et matérialité numérique.

Parmi ses récents projets d’expositions personnelles figurent Internal Litter à la Galerie Isabella Bortolozzi à Berlin (2022), When We Were Monsters à la Haus Mödrath à Kerpen (2021), Alms for the Birds au Castello di Rivoli à Turin (2020), SPEED 2 à la Malmö Konsthall (2019) et SPEED à la Künstlerhaus Stuttgart (2018). Il a participé à de nombreuses expositions collectives, parmi lesquelles Penumbra à la Fondazione In Between Art Film à Venise (2022), The Botanical Mind au Camden Art Centre à Londres (2020), la Whitney Biennial à New York (2017) et Less Than Zero au Walker Art Center à Minneapolis (2016). En 2017, il a représenté le Pays de Galles à la 57e Biennale de Venise avec l’exposition Music for the Gift. Il a par ailleurs reçu le Preis der Nationalgalerie 2024 à Berlin.

Billy John Bultheel (1987, Bruxelles) vit et travaille entre Berlin et Bruxelles. Son travail en tant que compositeur
expérimental et performeur mêle composition contemporaine et techniques et traditions de la musique polyphonique européenne du Moyen Âge et de la Renaissance. Sa pratique musicale inclut la performance et les installations, souvent in situ, qui lui permettent de se soustraire aux contraintes de la salle de concert pour explorer de nouveaux territoires d’expérience musicale. Les musiciens deviennent alors des interprètes qui évoluent dans des univers sonores et interagissent avec l’architecture et des sculptures ou instruments fabriqués pour l’occasion.

Les projets récents de l’artiste comprennent The Thief’s Journal lors de Berlin Atonal (2023), Workers in Song à WIELS à Bruxelles (2023), Mt. Analogue à la Bourse de Commerce – Collection Pinault à Paris (2023), Athens Songs I-IV à la 7e Biennale d’Athènes (2021), UNTER au Schinkel Pavillon à Berlin (2021), Songs for the Contract sur folia.app (2021), The Minutes of Olomouc à PAF Olomouc (2020) et When Doves Cry au Schinkel Pavillon à Berlin (2019). Il a étudié la composition à l’Institut de sonologie de La Haye, aux Pays-Bas, et l’interprétation et la chorégraphie à l’Institut des sciences théâtrales appl quées de Gießen, en Allemagne.

Crédits

Miniguides:
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Commissaires:
  • Joel Valabrega, avec Clémentine Proby
    Assistées par Nathalie Lesure

Une commande conjointe:
  • WIELS – Centre d’art contemporain
    Batalha Centro de Cinema
    Mudam Luxembourg – Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean
    KW Institute for Contemporary Art

Écrit, réalisé et produit par:
  • Billy Bultheel et James Richards

Apparitions filmées:
  • Sebastian de la Cour (baryton)
    Sara Neidorf (percussion)
    Adam Sinclaire (flûte)

Directeur de la photographie:
  • Tom Rosenberg

Deuxième caméra:
  • Milan Daemgen

Preneur de son:
  • Simone Antonioni

Chef machiniste:
  • Braden Harris

Assistantes de production:
  • Lea Hopp
    Sinaida Michalskaja

Repérage:
  • anorak et bplus.xyz, Berlin

Responsable de production:
  • Johanna Markert

La performance Workers in Song au Mudam inclus des projections de HEVN de P.Staff (2020), My Name is Oona de Gunvor Nelson (1969) et Studio Floor Rotation de Josh Tonsfeldt (2010).