–
Combinant des éléments aussi variés que des sculptures, des dessins, des films ou des objets trouvés, les installations de Guillaume Leblon se construisent sur le modèle du terrain d’enquête : dans ses expositions, les œuvres fonctionnent comme des indices et leur association génère des narrations ouvertes. La circulation des formes, l’action du temps sur les matériaux, la relation entre les espaces intérieur et extérieur, les passages d’une échelle à une autre sont quelques-unes des questions récurrentes dans sa pratique. L’exposition devient l’espace et le temps dans lesquels ces déplacements et ces transformations se croisent et se concentrent.
Pour l’exposition Site of Confluence, Guillaume Leblon a abordé l’espace d’exposition comme une étendue sur laquelle vient se déployer un groupe d’œuvres produites spécifiquement pour ce projet. Inspirées des lignes de matériaux divers déposées par les marées le long des plages, les lignes qui louvoient au sol, associées à des lés de feutre pliés, mettent en avant cette approche de l’espace et font le lien entre les différents éléments que rassemble l’installation. Les fluctuations qu’elles dessinent créent un certain flottement dans l’exposition. Indirectement, elles répondent également à la structure longitudinale qui structure la partie supérieure de l’architecture. Développant un dialogue subtil entre espace intérieur et éléments extérieurs, l’exposition se caractérise également par l’importance donnée à la présence des matériaux utilisés et aux bribes de narrations que ceux-ci peuvent générer. Plusieurs œuvres, telles que Channel (2009), une palissade en bois dont la forme reprend le dessin d’un brise-vagues, ou la série de larges plaques de bois déformées, portent sur leur surface les altérations du temps et des conditions extérieures. Jouant de manière similaire avec les variations qui se dessinent à la surface de l’œuvre, une série de larges dessins monochromes réalisés au pastel sec, intitulés Cold Water (2009), mettent en avant le rôle que joue la question de la nuance dans l’œuvre de Guillaume Leblon. Dans l’exposition, chacun des objets évoque une temporalité spécifique, si bien que l’installation propose une confluence de différentes temporalités.
Présenté dans un second espace, le film 16mm L’Enfouissement du crabe (2009) peut être compris comme un indice autour duquel viendrait s’articuler l’ensemble de l’exposition. Mettant en scène un crabe disparaissant sous le sable filmé au ralenti, le film illustre l’intérêt de l’artiste pour les questions de la trace et du terrain d’enquête. La disparition du crabe sous la surface fait également écho au caractère parfois « souterrain » des liens que développent les oeuvres entre elles, comme une sédimentation de plusieurs narrations.