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Tina Gillen

Playground

Dans les peintures de Tina Gillen, le sujet représenté est souvent réduit à sa plus simple expression. Ses œuvres mettent en scène des univers figuratifs contrebalancés par des formes abstraites, le va-et-vient entre ces deux dimensions s’accompagnant d’un savant équilibre entre une grande maîtrise du vocabulaire pictural et un certain « lâcher prise » dans la réalisation, entre une certaine rigueur dans la composition et une approche plus intuitive.

Les peintures de Tina Gillen trouvent généralement leur source dans des photographies issues de contextes variés - magazines, Internet, cartes postales... - que l’artiste soumet à un processus de réduction et d’abstraction : « J’ôte des éléments afin d’arriver paradoxalement à une certaine lisibilité. Je souligne l’abstraction en ne conservant que le strict minimum », précise-t-elle.

© Hall Collection Tina Gillen

L’exposition imaginée par Tina Gillen pour le Mudam s’articule autour d’une installation picturale d’envergure, créée spécifiquement pour l’occasion. Prenant la forme d’une peinture de vingt-deux mètres de long déployée le long d’une structure dessinant une courbe dans l’espace d’exposition, l'installation est directement inspirée des dispositifs précinématographiques des panoramas et dioramas, en vogue à la fin du XIXe siècle, qui mettaient en scène de larges toiles panoramiques peintes en trompe-l’œil. Le point de départ pour l’installation au Mudam est plus précisément un décor peint remarqué par Tina Gillen dans un zoo. En ne conservant que quelques motifs de ce décor et en jouant sur leur répétition en miroir, l’artiste en souligne la nature artificielle. Par sa taille et sa courbe, mais aussi par l’approche de l’espace pictural comme étendue, l’installation peut également rappeler les célèbres Nymphéas de Claude Monet présentés dans deux salles elliptiques au musée de l’Orangerie à Paris.

En relation avec cette installation sont rassemblées dans l’exposition des peintures sur toile et sur papier réalisées par Tina Gillen entre 1998 et aujourd’hui. Emprunté à l’une de ces œuvres - une toile dépeignant une structure de jeux métallique, une « cage à poules », reprise d’une photographie de tournage du film Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock -, le titre de l’exposition, Playground, joue sur les différents sens que peut revêtir ce terme au sein de la pratique de l’artiste. Il peut tout d’abord renvoyer aux sujets abordés dans certaines des œuvres présentées : skatepark, aire de jeux, paysage de montagne, couché de soleil stéréotypé... On peut également y lire une allusion à l’absence de personnages dans les scènes représentées : celles-ci peuvent évoquer, non sans une note mélancolique, des décors désertés susceptibles d’être investis par les projections mentales des spectateurs. Enfin, le terrain de jeu est surtout, dans la pratique de Tina Gillen, l’espace de la peinture lui-même : jeu entre les différents plans, entre le sujet et le fond, entre l’espace de la représentation et la surface du tableau.

Tina Gillen est née en 1972 à Luxembourg. Elle vit et travaille à Bruxelles.

Tina Gillen Swimming Pool IV, 2008
© Photo : Andrés Lejona

Crédits

Commissaire:
  • Enrico Lunghi