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Réunissant trente peintures majeures provenant de collections publiques et privées, ainsi qu’un ensemble inédit de dessins, croquis et notes, cette rétrospective se concentre sur la première décennie de la carrière de Peter Halley.
Dès les années 1980, Peter Halley a développé un vocabulaire pictural singulier qui demeure au coeur de sa pratique depuis lors. Redéployant le langage de l’abstraction géométrique, il emploie dans ses peintures à l’esthétique diagrammatique des motifs décrits comme des « prisons », des « cellules » et des « conduits », qui interprètent l’environnement social. Avec ses oeuvres, l’artiste porte une réflexion sur l’urbanisation et l’industrialisation, leur impact et leur héritage dans la société post-industrielle dans laquelle il évolue, marquée par la technologie. Travaillant à l’époque de l’avènement d’internet, qui a vu l’adoption massive d’ordinateurs personnels et le développement des jeux vidéo, son oeuvre décrit la logique systémique et géométrique inhérente aux environnements bureaucratiques de la fin du XXe siècle, mais aussi à ces nouveaux espaces créés pour le monde digital. Dans l’essai intitulé Geometry and the Social (1990), Peter Halley explique :
Je voulais attirer l’attention sur ce monde géométrisé, rationalisé, quantifié. Je le voyais comme un monde caractérisé par l’efficacité, par le contrôle des mouvements, les bureaucraties – que ce soit dans les entreprises, les gouvernements ou les universités. C’est un monde qui se définit aussi par la marchandisation et la quantification de tous les aspects de l’activité humaine, où l’on peut apposer sur toute activité humaine un nombre ou le signe du dollar […] [La géométrie est aussi] le langage de la classe des cadres et des professionnels. C’est le langage de l’entreprise et des organigrammes ; c’est le langage de l’urbanisme et des communications.
Peter Halley. Conduits: Paintings from the 1980s est la première rétrospective muséale de cette ampleur consacrée à l’oeuvre de jeunesse de Peter Halley. S’appuyant sur les écrits critiques de l’artiste, des entretiens et des notes jamais publiées auparavant, elle porte un regard inédit sur l’oeuvre de Peter Halley, son approche de notions telles que l’aliénation, le confinement et la connectivité, à l’aune du contexte dans lequel elle est produite. L’exposition reflète à la fois le paysage artistique et critique du New York des années 1980 et une période de l’histoire sociale façonnée par l’expansion et l’effondrement économique, la menace nucléaire et l’épidémie de sida.
L’exposition et la publication qui l’accompagne ont été réalisées en étroite collaboration avec l’artiste. Y sont notamment présentées, outre la peinture de la Collection Mudam, des oeuvres de l’Addison Gallery of American Art et de la Phillips Academy, à Andover, la collection Bischofberger, à Männedorf-Zurich, le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux, le Museum of Modern Art de New York, la collection Ortiz-Gurdián, la collection Rennie à Vancouver, The Broad Art Foundation de Los Angeles, la Vanhaerents Arts Collection et le Whitney Museum of American Art à New York, entre autres.
Biographie
L’œuvre de Peter Halley (1953, New York) a été maintes fois saluée par d’importantes expositions : au Dallas Contemporary (2021), à la Schirn Kunsthalle de Francfort (2016), au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole (2014), au musée municipal des beaux-arts de Kitakyushu au Japon, au musée Folkwang à Essen (1998), au Museum of Modern Art de New York (1997), au Dallas Museum of Art (1995), au CAPC musée d’Art Contemporain de Bordeaux, au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid, au Stedelijk Museum d’Amsterdam (1991), au Museum Haus Esters à Krefeld et à l’Institute of Contemporary Arts de Londres (1989). Son oeuvre est conservée dans de nombreuses collections publiques, notamment celles du Museum of Modern Art, à New York, du Stedelijk Museum, à Amsterdam, de la Tate, à Londres et du Centre Pompidou, à Paris. Il vit et travaille à New York.