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Vue de l'exposition "Zoe Leonard. Al río / To the River", 26.02. – 06.06.2022, Mudam Luxembourg
Zoe Leonard

Al río / To the River

Depuis près de trente ans, Zoe Leonard (1961, Liberty, New York) jouit d’une reconnaissance internationale pour son œuvre qui, ancrée dans la photographie, prend également la forme d’installations et de sculptures. Son travail est avant tout le fruit d’une démarche d’observation dans laquelle se conjuguent une conception documentaire de la photographie et l’acte physique, corporel, du regard. Les migrations et les déplacements, le genre et la sexualité, le deuil et la perte, l’histoire culturelle ou encore les tensions entre monde naturel et environnement construit sont autant de thèmes récurrents dans son œuvre.

L’exposition au Mudam présente pour la première fois Al río / To the River, un vaste projet photographique initié en 2016 qui a pour sujet le Rio Grande (le nom du fleuve aux États Unis) ou Río Bravo (son nom mexicain). Plusieurs années durant, l’artiste a photographié le fleuve le long des 2 000 kilomètres où il marque la frontière entre les États-Unis mexicains et les États-Unis d’Amérique, suivant son cours depuis les villes frontalières de Ciudad Juárez au Mexique et d’El Paso au Texas jusqu’au golfe du Mexique.

Œuvre épique de par son envergure, Al río / To the River est le fruit d’une observation attentive de l’environnement bâti et naturel du fleuve, de ses paysages désertiques et montagneux jusqu’aux villes et villages qui le bordent, où la vie quotidienne se déroule en parallèle des activités liées à l’agriculture, au commerce, à l’industrie, et à la surveillance de la frontière. Les photographies de Zoe Leonard se concentrent notamment sur l’accumulation des infrastructures aménagées le long du fleuve pour contrôler le débit de l’eau et réguler le passage des marchandises et la circulation des personnes : barrages, digues, routes, canaux d’irrigation, ponts, pipelines, clôtures, postes de contrôle.

« La nature changeante du fleuve – qui déborde périodiquement, change de cours et creuse de nouveaux sillons –, va à l’encontre de la fonction politique qu’il est censé remplir », commente l’artiste.

Al río / To the River est structurée en trois parties, dont un Prologue et une Coda. Chacune d’entre elles engage une réflexion sur le langage photographique, passant, de manière fluide, de l’abstraction à l’image documentaire, puis aux images numériques de caméras de surveillance.

Travaillant avec un appareil argentique tenu à la main, Zoe Leonard assume une position physique par rapport au fleuve. Bien que toujours subjectif, le regard qu’elle porte sur lui n’est jamais figé. Passant fréquemment d’un côté à l’autre du cours d’eau (et donc d’un pays à l’autre), l’artiste évite d’adopter un point de vue unilatéral au profit d’une suite de perspectives mobiles et changeantes.

L’œuvre prend la forme de séquences photographiques qui restituent une impression de mouvement et soulignent le déploiement des actions dans le temps. Plutôt que d’orienter le regard vers un « moment décisif » ou une signification figée, ces séquences invitent le spectateur à générer un sens à travers son propre regard attentif.

Dans les tirages de l’artiste, la matérialité du processus photographique est mise en évidence. Chaque photographie se présente comme une image construite, prise depuis un point de vue spécifique et matérialisée à travers les processus de sélection et de tirage.

Dans Al río / To the River, Zoe Leonard va à l’encontre des images réductrices de la frontière véhiculées par les médias. Elle rend au contraire tangible la multiplicité des forces et des influences qui traversent le fleuve, qu’il s’agisse des intérêts commerciaux et industriels, des histoires culturelles, ou des liens familiaux qui se tissent par-delà la frontière. Elle s’intéresse aussi aux animaux et aux plantes de la région, qui subissent une pression accrue en raison de la sécheresse et du changement climatique, mais aussi des conceptions humaines souvent contradictoires appréhendant le fleuve tout à la fois comme un cours d’eau « sauvage et pittoresque », un réservoir d’eau et une frontière politique.

Biographie

Zoe Leonard (1961, Liberty, New York) a présenté des expositions personnelles au MOCA – Museum of Contemporary Art à Los Angeles (2018), au Whitney Museum of American Art à New York (2018), au Museum of Modern Art à New York (2015), au Camden Arts Centre à Londres (2012), au Dia:Beacon à New York (2008), au Wexner Center for the Arts à Columbus (2007), au Fotomuseum Winterthur (2007) et à la Sécession de Vienne (1997). Son travail a également été présenté lors de grandes manifestations internationales telles que documenta (2007, 1992) à Kassel ou la Whitney Biennial à New York (2014, 1997, 1993). Ses oeuvres se trouvent dans de nombreuses collections publiques importantes, parmi lesquelles le Whitney Museum of American Art à New York, le Guggenheim Museum à New York, le Centre Pompidou à Paris et le Philadelphia Museum of Art. Elle a reçu de nombreuses distinctions, dont le Guggenheim Fellowship (2020), la Graham Foundation Grant (2020) et le Bucksbaum Award du Whitney Museum of American Art (2014). Elle vit et travaille à New York et à Marfa, au Texas.

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Curator Suzanne Cotter about Zoe Leonard's exhibition "Al río / To the River" at Mudam

Crédits

Lieu:
Mudam Galeries Niveau 1
Commissaires:
  • Suzanne Cotter et Christophe Gallois, assistés de Sarah Beaumont

Scénographie:
  • Marcos Corrales Lantero

Collaboration:
  • L’exposition Zoe Leonard. Al río / To the River est organisée en collaboration avec le Musée d’Art Moderne de Paris, Paris Musées.

Partenaires média:
  • Monopol
    Luxemburger Wort

Al río / To the River, 2016–2022
Approximativement 500 épreuves gélatino-argentiques, 40 tirages C-print et 40 impressions jet d’encre
Copie d’exposition, éd. de 3 + 1 EA
Courtesy de l’artiste, Galerie Gisela Capitain et Hauser & Wirth
La production de l’œuvre a bénéficié du soutien du Mudam Luxembourg, de la Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts, de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, de la Galerie Gisela Capitain et de Hauser & Wirth.