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A performative exhibition in four acts
After Laughter Comes Tears est une exposition expérimentale consacrée à la performance et marque la deuxième édition de la Mudam Performance Season lancée en 2021. Conçue comme une « exposition performative », After Laughter Comes Tears réunit les œuvres de trente-quatre artistes travaillant dans les domaines de la performance, de l’installation et de la vidéo. Empruntant son titre au morceau « After Laughter » (1964) de la chanteuse et compositrice de soul américaine Wendy Rene, l’exposition se déploie en quatre actes, à l’instar d’une pièce de théâtre : prologue, acte 1, acte 2, acte 3, acte 4 et épilogue. Elle propose une définition élargie de la notion de performance en considérant le film et l’installation, mais aussi l’exposition et sa scénographie, comme objets performatifs. Elle entend également ancrer la performance dans l’espace muséal, où elle figure traditionnellement comme une forme d’expression occasionnelle et éphémère.
L’exposition prend pour point de départ le sentiment ambivalent d’inertie et de colère qui caractérise le modèle du capitalisme tardif adopté par nos sociétés. Ce phénomène se nourrit des angoisses d’une génération confrontée à la crise climatique, aux conséquences du démantèlement de l’État-providence sous la pression des politiques néolibérales, et à la montée de la xénophobie et des partis d’extrême droite à travers le monde, en partie alimentée par les fake news qui se propagent sur les réseaux sociaux et au-delà. Adoptant un ton théâtral oscillant entre humour et drame, l’exposition sonde et embrasse l’ambiguïté entre ces registres pour créer un récit des relations problématiques entre corps et politique sous un système capitaliste. Les œuvres d’artistes émergents entrent en dialogue avec celles d’artistes établis pour évoquer la crise de la notion de soin et interroger les conceptions profondément ancrées de la normalité. En les rendant visibles, elles remettent en question les approches communément admises des normes sociales et biologiques.
Le rire est-il le meilleur remède contre le désespoir ? L’humour – voire même le cynisme – est un trait caractéristique de la culture internet contemporaine, qui révèle notre sens commun du sarcasme à travers mèmes et autres gifs. S’inspirant à la fois de la tendance à l’ironie que nous associons à une génération « désenchantée » et de la longue histoire de la satire comme outil de résistance politique, l’exposition met en scène les tensions et frictions qui régissent les relations entre comédie et tragédie. La tragicomédie est aussi un genre théâtral populaire dans lequel la performance en tant que discipline puise ses racines. Le terme évoque un certain sens du drame et l’expression exacerbée de sentiments. Un éventail d’émotions secouant le corps. Les réactions faciales et corporelles liées à la peur, à l’épuisement, à la rage, au dégoût, à l’affection et au plaisir – sentiments qui coexistent et s’entremêlent en chacun de nous – s’expriment différemment en fonction de nos histoires individuelles et collectives. À l’image de l’humour, elles ne sont pas seulement intuitives et personnelles, mais tributaires de contextes sociaux et culturels plus larges.
Dans cette optique, After Laughter Comes Tears se propose d’explorer la manière dont nos corps et nos esprits réagissent et affrontent le drame que nous vivons aujourd’hui. Qu’est-ce que le capitalisme provoque en eux ? L’individualisation du soin, illustrée par le succès du self-care et du self-help, est-elle la seule réponse ? Qu’est-ce que nos sociétés considèrent comme sain, qui est considéré beau ou belle ? Quels corps sont admirés, quels corps sont rendus invisibles ? De quels corps prend-on soin et qui prodigue ces soins ? Comment ceux qui ont été négligés ou marginalisés prennent-ils soin d’eux-mêmes ? Les artistes de l’exposition abordent chacun à leur manière les notions de soins et de normativité, en considérant le corps comme un terrain éminemment politique et un élément collectif. Leurs œuvres explorent les relations entre le corps et l’esprit et, avec bienveillance et humour, célèbrent l’abjection de la chair, embrassent l’épuisement, et contemplent l’érotisme.
Contournant les conventions scénographiques, After Laughter Comes Tears a pour cadre un espace d’exposition dynamique évoluant au fil du temps pour offrir des expériences variées aux visiteurs. Tout au long de l’exposition, les œuvres seront par ailleurs activées par des performances ou par la participation active des visiteurs, qui seront ainsi encouragés à dépasser le rôle passif que les institutions culturelles leur attribue volontiers. Grâce à cette programmation culturelle riche et variée, le public occupe une place centrale dans le processus de réflexion collective que l’exposition propose d’engager.
Performances
12 octobre / Vernissage
Cem A., Sticker vendor comes to Mudam
Lukáš Hofmann, Long story short.
Taus Makhacheva, ASMR Spa
13 octobre
Taus Makhacheva, ASMR Spa
14 octobre / Nuit des Musées
Taus Makhacheva, ASMR Spa
Lukáš Hofmann, Long story short.
29 octobre
Ndayé Kouagou, 4 dogs and a plum
3 + 4 + 5 novembre
Jean-Charles de Quillacq, The Stand-In
9 + 10 décembre
Taus Makhacheva, ASMR Spa
17 décembre
Anna Franceschini, JET SET
7 janvier
PRICE, I Try My Tongue (sequences)