À travers une lecture collective de l’essai « Venus in Two Acts » (2008, Duke University Press / Project Muse) de la théoricienne afro-américaine Saidiya Hartman, la chercheuse et curatrice Salma Mochtari explorera les questions suivantes : comment appréhender les archives de l’esclavage et de ce fait, son histoire ? Que disent-elle, dans leur matérialité propre, de ces vies esclaves et qu’empêchent-elles ? S’il faut en faire l’exploration, comment écrire des vies dont les seules traces sont celles, violentes, qui les ont détruites ? Comment rendre compte, par des fragments d’archives, de vies réelles et d’existences que les relations de pouvoir ont non seulement marquées, mais fabriquées ? Plus étroitement, que dire de l’esclavage – et travers lui, de la radicale sujétion – qui ne soit pas simple redite de l’ordre dominant qui l’a généré ? Que dire de l’esclavage aujourd’hui alors même que subsiste son au-delà (« afterlife ») ?

Biographie
Salma Mochtari est une chercheuse et commissaire d’exposition basée à Marseille et membre du collectif curatorial et éditorial Qalqalah قلقلة. Ses recherches s’appuient sur les échanges conceptuels entre l’art et la philosophie contemporaine. À partir de cas spécifiques d’absence d’archives et en convoquant les Black Studies, elle travaille les généalogies présentes et futures entre études critiques contemporaines, décoloniales et queer, en s’appuyant sur l’héritage de penseurs tels que Cedric J. Robinson, Michel Foucault ou Judith Butler. Outre la programmation discursive, sa pratique curatoriale comprend des formes de production collective au moyen du travail en atelier, de la traduction et de l’écriture fictionnelle.