Dans ses installations multimédia, Yuri Pattison (1986, Dublin) subvertit les mécanismes de l’industrie technologique pour mettre en évidence leur impact économique, sociétal et affectif sur l’individu. La vidéo the ideal (v/0.3.2) (2015-2021) montre des images tournées dans une mine de bitcoins opérée par la start-up pékinoise HaoBTC près de Kongyuxiang, dans la province du Sichuan. Filmée par Eric Mu, ancien responsable marketing de l’entreprise, la vidéo alterne des vues de hangars remplis de rigs de minage, du barrage hydroélectrique voisin et des alentours. Bien que le bitcoin soit une monnaie numérique, le processus de minage – au cours duquel de puissants processeurs résolvent des problèmes mathématiques complexes en échange de bitcoins – est extrêmement énergivore. C’est pourquoi des entreprises telles que HaoBTC ont délocalisé leurs activités dans des régions où l’énergie hydroélectrique est abondante et bon marché. L’œuvre de Pattison met en lumière les conséquences humaines et écologiques de la production de monnaie virtuelle. La vidéo est diffusée à côté d’un rig de minage doté d’un système de refroidissement hydraulique, faisant référence à la production d’énergie hydroélectrique et au flux des cryptomonnaies. Les dispositifs sont posés sur des rayonnages industriels semblables à ceux utilisés dans la mine de Kongyuxiang. Le titre de l’œuvre renvoie (de manière ironique) au concept théorique de la « monnaie idéale », développé par le mathématicien Josh Nash (1928-2015) dans le but de stabiliser les devises internationales.