En 1989, Jessica Diamond (1957, New York) peint les mots « I HATE BUSINESS » sur un mur de briques new-yorkais. L’adresse du message est frontale et la critique, incisive. Elle dénonce sans ambages le capitalisme et les difficultés de la condition des artistes soumis aux contraintes du marché de l’art qui, dans les années 1980, explose à New York. À cette période, Diamond débute sur la scène artistique new yorkaise. Elle échappe à ce marché en adoptant alors un principe de peinture murale in situ inspiré de l’esthétique du graffiti urbain et empreint de son esprit de subversion. Elle attribue au langage la spontanéité et la radicalité propres au slogan, qu’elle déplace dans l’espace policé du lieu d’exposition. Présentée dans un musée ou une galerie commerciale, I Hate Business met ouvertement en cause les mécanismes mercantiles du monde de l’art. Les mots, matériau de prédilection de l’artiste, éclatent sur les cimaises où l’œuvre est reproduite à la main, à même le mur. Ils deviennent picturaux et texturés, appliqués sur un fond peint lui-même travaillé, dans une forme de tension entre le soin porté à l’exécution mimant de vigoureux coups de brosse, et l’agrandissement des lettres en réponse à la configuration architecturale du lieu.