Eric Poitevin
À l’écart des bavardages intempestifs, les œuvres photographiques d’Eric Poitevin (1961) savent se faire silencieuses. Représentations de la réalité, elles sont pourtant souvent considérées comme « abstraites » ce que ne revendique pas pour autant leur auteur. Elles ne convoquent aucun récit, ni ne suivent une quelconque trame si ce n’est celle d’une composition picturale rigoureuse. Et pourtant, elles racontent – leur langage est celui des images. Aucune référence ne détourne leur perception, aucune information, qui se serait rassurante mais superflue, ne s’interpose entre elles et le visiteur. Images dépouillées, elles confrontent le regard à des choses souvent dérisoires voire banales. Les rares allusions à l’histoire de l’art restent vagues, sans dessein précis. À l’instar de paysages d’automne matinaux, elles semblent cacher d’éventuelles découvertes à travers la brume mais l’impossibilité d’en percer la surface joue avec le regard comme d’un effet de miroir.