Andrea Bowers
L’œuvre Radical Feminist Pirate Ship Tree Sitting Platform (2013) d’Andrea Bowers (1965, Wilmington, États-Unis) se veut un appel à la résistance et à l’activisme. En 2011, l’artiste a été arrêtée en Californie pour avoir participé à un tree sitting, un acte de désobéissance civile à visée écologiste qui consiste à « occuper » un arbre, généralement sur une petite plateforme construite à cet effet, pour empêcher qu’il soit coupé. Au cours de cette action, qui visait à empêcher le déboisement d’une population de chênes indigènes, elle rencontra un activiste vétéran qui avait passé les six dernières années de sa vie dans des séquoias anciens en Californie. Elle lui demanda à quoi ressemblerait la plateforme de ses rêves et raconte qu’elle fut « submergée par toute sa frustration, ses incertitudes et les inégalités inhérentes à la vie dans une culture patriarcale quand il prononça ces deux mots : bateau pirate. […] D’une certaine manière, c’était une évidence, mais je n’y aurais jamais pensé moi-même. » Réalisée avec son compagnon activiste d’un jour, l’œuvre d’Andrea Bowers se dresse fièrement dans l’espace comme un symbole de solidarité. Sur la voile du bateau figure en lettres blanches un extrait de l’essai « Sin Big » (1996) de Mary Daly (1928, Schenectady, New York – 2010, Gardner, Massachusetts), figure pionnière et controversée du féminisme : « Depuis l’enfance, je me suis entraînée à vivre la vie d’une pirate féministe radicale et à cultiver le courage de pécher. » Pour Andrea Bowers, cet essai sonna comme un cri de guerre. Elle fut notamment interpellée par les explications de l’auteure sur l’origine du mot « péché », dérivé de la racine indoeuropéenne « es- », qui signifie « être » : « Lorsque j’ai découvert cette étymologie, j’ai intuitivement compris que pour une femme prisonnière du patriarcat, qui est la religion de la planète entière, “être”, dans le sens le plus complet du terme, c’est “pécher”. »